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21 décembre 2017 |
Nancy

La quatrième édition du congrès international Woodchem dont le Pôle Fibres était l’un des organisateurs a ouvert un dialogue prometteur entre forestiers et chimistes.

Industriels et PME ont pu découvrir un nouvel usage de la ressource forestière.

La conférence internationale Woodchem s'est ouverte le 6 décembre dernier à Nancy sur une question iconoclaste : brûler du bois serait-il aussi absurde que de jeter au feu des billets de banque ?

Destinée à présenter les progrès de la connaissance dans le domaine de la chimie du bois, Woodchem a aussi permis une rencontre entre les représentants des industries chimiques et une centaine d'exploitants forestiers du Grand Est. La rencontre pourrait  impulsé un projet de plate-forme collaborative qui permettrait aux chimistes de caractériser une dizaine d'essences. L'amont de la filière forestière se doterait ainsi de ses propres outils de recherche, comme les agriculteurs ont su le faire sous l'impulsion de l'Union européenne.

La valorisation la plus noble, sous forme de bois d'oeuvre, puis de bois industrie, génère des sous-produits - écorce, branches et sciure - qui représentent la
moitié du volume récolté. Utilisée comme bois de chauffage, cette ressource à faible rendement recèle des molécules potentiellement précieuses, dont l'extraction elle-même n'est pas incompatible avec une
combustion ultérieure. Tannins, colorants, cires et autres éléments minéraux extractibles sont loin d'avoir livré tous leurs secrets, mais laissent entrevoir des débouchés prometteurs sur des marchés de niche à hautevaleur ajoutée dont une quinzaine seulement sont commercialisées.
« Nous disposons dans le Grand Est d'un écosystème propice grâce à un tissu académique et industriel très
fourni. La recherche fondamentale et appliquée a déjà permis des débuts d'application, notamment dans les
domaines de la cosmétique et de la pharmacie » a souligné Philippe Gérardin, professeur de l'université de
Lorraine et directeur du Laboratoire d'étude et de recherche du matériau bois (Lermab).
Rattachée au centre Inra de Nancy, la structure, qui regroupe une quarantaine de permanents, mobilise 25 personnes sur la chimie du bois.

Leurs recherches mettent en exergue les vertus insoupçonnées des noeuds des sapins, la richesse des tannins issus d'écorces de chêne, de châtaigner ou de bouleau ou encore, le potentiel de hêtre qui, traité par de l'alcool furfurylique, peut s'avérer résistant en extérieur. Parmi les pistes d'avenir figure également l'utilisation de biopolymères de hêtre ou de peuplier pour remplacer les dérivés
pétroliers dans les bouteilles en plastique.

Présentes à Woodchem, une douzaine d'entreprises sont déjà entrées en phase opérationnelle, utilisantdes dérivés de pâte à papier dans la fabrication de couches pour bébés, de
serviettes hygiéniques, des molécules végétales dans les de détergents ou  des écorces de résineux dans des tapis bioabsorbants pour piéger les métaux lourds disséminés dans l'eau.

 

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